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Vidéo 3min13s
En longeant l'Estampon, petite rivière au cœur des Landes, affluent de la Douze, en pays d'Albret, on découvre les lagunes de Nabias, une zone humide datant de l'époque glaciaire. Encore alimentées par les rares nappes phréatiques épargnées par la sylviculture et la monoculture du maïs, les lagunes de Nabias témoignent d'un phénomène jamais observé jusqu'alors.
Ce sont des pêcheurs, guettant le gardon, qui furent les premiers à voir filer à vive allure des plantes aquatiques.
Intrigués, ils signalèrent leur découverte et ce n'est qu'après vérification et authentification qu'ils purent enfin mettre un nom sur les "bolides verts" de Nabias : Pistia stratotes, plus connues sous l'appellation "laitues d'eau".
Appartenant à la famille des Araceae, aquatiques et vivaces, flottant à la surface de l'eau. Pourvues d'un réseau de fines racines pouvant atteindre une cinquantaine de centimètres de long, pendant dans l'eau et développant de longs stolons en surface. Dépourvues de tiges, elles flottent, se déplaçant au gré des courants.
Rien n'expliquait pour autant les déplacements rapides, ni les changements de cap proches ceux de la chauve-souris, constatés à Nabias, loin de la flottaison passive caractéristique de cette famille végétale. Il s’agit ici d’un comportement de fuite, d’un déplacement rapide pour fuir une zone et en rejoindre une autre plus adaptées.
La vérité était sous marine.
À l'origine de cette vivacité, de ce comportement de fuite, impropre à la laitue, un poisson, le gardon, Rutilus Rutilus. En parfaite symbiose, il réussit à s'associer avec le végétal aquatique, grâce à ses stolons, servant d'amarres, il se mêle aux longues et solides racines de la laitue.
Le poisson a une taille adaptée au végétal. Le rapport poids/puissance est idéal. Le gardon servant de propulseur, sur de longues distances, tantôt proie, tantôt prédateur a trouvé chez la laitue l'abri idéal.
Si le dialogue entre les deux organismes symbiotiques n’est pas vérifié, des études sont actuellement menées pour en capter les indices. Les spécialistes de l'observatoire national de la biodiversité estiment que si une telle collaboration existe, c’est qu’il y a une échange de renseignements, un dessein commun. Vers une Pistia Rutila.
Texte : Pantxo Desbordes